Galerie des armures

Une tempête ? Manquait plus que ça tient ! Et moi qui me faisait une joie de rentrer chez moi pour Noël pour revoir mon père insatisfait et ma mère inexistante socialement ! Vraiment je... je... Ouais bon ok en fait ça m'arrangeait plutôt bien de rester à Poudlard. Je n'avais aucune envie de rentrer chez moi, et encore moins après le coup que Greg m'avait fait pour le bal. Inviter Amy Marshall, non mais franchement ! Je me sentais salie, il n'y avait pas d'autres mots. Je pensais pourtant m'être rapprochée de mon fiancé, mais en fait non, ce n'était qu'une illusion. Bah après tout dans la famille on avait l'habitude de porter les cornes... Je ne serais pas la première à ne pas pouvoir passer les portes.

Je ruminais, je ne faisais que ça... Et je marchais aussi, un peu au hasard, dans le château. Et puis faut dire que depuis le début de la tempête les escaliers avaient décidé d'être particulièrement contrariants. Alors en fait j'allais un peu où bon leur semblait, mais en même temps, ça me convenait.

Au bout d'une heure, peut-être deux, mes pérégrinations me firent atterrir dans un endroit que je ne connaissais pas, une longue galerie, un peu sombre, pleine d'armures. Je n'y étais jamais venue auparavant, et je ne soupçonnais même pas son existence. Je ne savais même pas à quel étage je me trouvais. L'obscurité additionnée à la tempête et à la vieille pierre rendait la galerie vraiment froide, et je regrettais de ne pas avoir pris ma cape.... Foutus vieux châteaux.

Ce n'est qu'après quelques minutes que je perçus un bruit, infime, de roulement. Je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait être, mais, évidemment, je fus intriguée. Maudissant ma curiosité, qui me faisait penser à ces stupides Gryffondor, et donc à Greg, je m'avançais doucement le long du couloir, restant tout de même sur mes gardes car après tout, Peeves n'était jamais loin.

Au bout de quelques mètres, je commençais à distinguer une silhouette, qui faisait des allées et venues, bien trop rapidement pour faire ça sur ses pieds. Quelques mètres encore et je pus distinguer une tignasse brune. Lorsque je reconnaissais la fille en face de moi, je ne pus empêcher un sourire carnassier de fleurir sur mes lèvres. C'était la brunette insupportable qui se collait à Greg pendant les cours, celle qui essayait de le caser avec l'autre poufiasse de Serdaigle... en somme, c'était sûrement, à l'heure actuelle, mon ennemie numéro 1 dans le château. autant dire que l'occasion était bien trop belle pour que je la laisse passer.

Je m'avançais encore un peu, avant de m'appuyer nonchalamment contre le mur, tout en fixant la rouge et or. Lorsque je fus sûre qu'elle m'avait remarquée, je pris le ton le plus snob et le plus désagréable dont j'étais capable.

Et bien qu'avons-nous là ? Un lionceau perdu ? On fait mumuse avec des roulettes... Je suis pas sûre que ce soit autorisé ça.

J'avais pris une mine faussement pensive, posant ma main sous mon menton, avant que le sourire ne réapparaisse de plus belle.

M'enfin, je suppose que quand on est amie avec un préfet on peut tout se permettre. Vous pouvez dire des Serpentard, mais manifestement y a pas mal de passe-droit chez les Gryffondor, n'est-ce pas ?

Je la fixais à la fin de ma phrase, attendant une réponse qui, j'en étais sûre, non seulement ne se ferait pas attendre, mais en plus promettait une joute verbale forte amusante, tout ce dont j'avais besoin !

A entendre la rouge et or, je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. C'était donc ça, la célèbre répartie Gryffondorienne ? Mon sourire s'accentua, se faisant plus féroce et vorace. Si j'avais pu avoir des doutes sur le fait que j'allais bien m'amuser, je n'en avais plus aucun. La guerre était ouverte, et j'allais gagner. La brune était repartie sur ses machines à roulettes, et je n'esquissais même pas un mouvement, prenant juste une voix un peu plus forte, pour être sûre d'être entendue.

Si c'est pas mignon ça ! Miss Parfaite est venue pleurer dans les jupes de sa copine ? Tellement chou ! Ca me donne envie de chier des arc en ciel... Ah non ça me donne juste envie de vomir.

Je lâchais un petit rire, sournois, comme je savais si bien les faire. elle croyait qu'elle pourrait me prendre de haut ? allons petite lionne, ce serait comme essayer de snober le ciel quand on est un brin d'herbe tout flétri.

Crois-moi petit chat, si j'étais vraiment paumée je m'amuserais pas à taper la causette avec toi. Mais, et ça c'est un fait, je m'ennuie à mourir, et tu m'as l'air d'un bon divertissement. Alors dis-moi tout, Greg te punirait parce que tu te balades sur tes bidules à roulettes ? Vraiment ? Faudrait pas que je lui dise que je t'ai vue alors !

Ah oui au fait, ta copine la Serdaigle... Marshall c'est ça ? Si elle se mêlait de ce qui la regarde, je me serais même pas occupée d'elle, mais va falloir qu'elle arrête de fourrer son nez dans mes affaires... Parce que si je fourre MON nez dans les siennes... Bye bye blondie !

J'avais dit ça en faisant un signe d'au revoir avec ma main. Je voulais que la brune sorte de ses gonds, je voulais me venger de Greg, je voulais me venger d'Amy Marshall, je voulais me défouler. En fait, je voulais tellement de choses que j'en avais perdu de vue mon objectif principal, me rapprocher de mon fiancé. Et j'étais tellement aveuglée par la colère que je ne voyais même pas que ce que j'étais en train de faire ne servait pas, mais alors pas du tout mon but.

Tout ce que je savais, c'est que j'avais en face de moi une brune insupportable, amie avec mon fiancé et sa petite copine, et que là, tout de suite, à ce moment précis, elle allait être ma victime et prendre dans les temps tout ce que je contenais depuis des jours. Et s'il fallait taper, qu'à cela ne tienne, j'étais agile, et sous mes airs de pas y toucher, j'avais de la force.

Je tentais une dernière provocation, gratuite, mais tellement jouissive.

Et du coup je suis sensée t'appeler comment ? Bureau des pleurs ? Fouteuse de merde ? Dis moi tout, parce que pour l'instant j'ai juste envie de t'appeler le cafard.

Je retenais une furieuse envie de rire depuis le début de cette conversation. Tout d'abord il y avait eu l'autre folle des rouge et or qui m'avait foncé dessus, et fort probablement pété le nez. Bon, ok, ça ça faisait mal, mais la suite était tellement épique que j'en oubliais presque ma douleur.

Déjà, y'avait la rouquine de Serpentard, Kathleen, à qui j'avais parlé une ou deux fois, la dernière pour refuser son invitation au bal (oui bon, c'était avant de savoir que Greg avait déjà une cavalière). Non seulement elle avait envoyé Lewinson au tapis mais en plus elle m'avait aidé. Et ça, on va pas se mentir, c'est un truc qui ne m'était jamais arrivé avant... Après réflexion, ce serait tout aussi bien que ça ne m'arrive plus jamais.

Et puis, telle la cerise sur le gâteau, le préfet de Serdaigle était arrivé ! Serdaigle ! Rien que ça ! La maison que je détestais sûrement le plus depuis la rentrée ! C'en était suivi une discussion à laquelle je n'avais même pas pris part dans elle était absurde et empreinte de gamineries. Mon visage devait afficher une blase au moins aussi importante que celle du professeur Binns dans ses mauvais jours. Je n'avais même pas régi au petit surnom que m'avait donné Sherwood : "Honey", alors qu'en tant normal je m'en serais insurgée tout ça tout ça.

Et puis, quand même, alors que c'était MOI qui m'était fait tapée, MOI qui dans un sens étais la victime, et surtout, après que tout le monde ait dit un peu de tout mais surtout du n'importe quoi, ledit préfet se rendit compte que oui, ça serait peut-être bien d'avoir ma version des faits. Lorsqu'il s'adressa à moi, je m'appuyais contre le mur, affichant un air suffisant, celui que je préférais.

Tout d'abord cher préfet, je te remercie sincèrement de t'être occupé de moi, qui avait quand même le nez en sang, avant de retirer des points plus vite que ton ombre.... Attends... Ah mais non, autant pour moi, tu as d'abord retiré les points et récolté les témoignages... Heureusement que j'étais pas sous doloris, j'aurais pu y passer 3 ou 4 fois avant que tu t'occupes de la priorité... Je vais faire comme si ce n'était pas parce que c'est moi et on va dire que c'était une incompétence passagère, ça te va ?

J'avais dit cela d'une traite, et continuais avant même que le Serdaigle ne puisse me répondre.

Je faisais juste remarquer à la petite lionne effarouchée ici présente à quel point elle m'était insupportable... Ah oui et je lui disais aussi de se mêler de ses affaires, ce qui regarde Amy Marshall et moi ne regarde, évidemment, QUE Amy Marshall et moi.

D'autres questions ? Non parce que mon nez saigne encore, et je pense que je vais aller tranquillement à l'infirmerie pendant que tu continues à vider les sabliers de tout le monde. Après tout, c'est ta fonction de préfet qui veut ça, sûrement plus qu'aider les élèves !

Kathleen, tu veux bien m'accompagner ? Faut qu'on parle !

J'avais dit cela en faisant un petit clin d'oeil à la rousse, qu'elle seule aurait pu voir. J'attendais bien évidemment une réponse du préfet. aurait-il le culot de m'enlever des points alors que je n'avais fait que souligner le fait qu'il avait manqué à sa fonction ?