La pelouse du stade

Emily était arrivée au stade de Quidditch une dizaine de minutes environ avant que Léonor ne frôle l'herbe du vaste terrain, afin de se changer dans les vestiaires. Elle avait veillé à ne pas venir lorsqu'un entraînement avait lieu, pour être sûre de ne pas déranger qui que ce soit. Elle s'était alors changée rapidement, revêtant une tenue de Quidditch spécialement conçue pour s'adapter à la température extérieure : lorsqu'il faisait froid, elle tenait chaud, et lorsqu'il faisait chaud, elle était aérée. Sa tenue était grise et bleu clair. Son balais l'attendait à l'entrée du vestiaire. Elle l'avait reçu pour ses dix-huit ans. Ses parents l'avaient commandé six mois à l'avance et avaient longuement hésité à le lui offrir, suite à ce qu'il s'était passé après ses examens. Ils s'étaient finalement dit qu'un tel présent ne pouvait qu'encourager leur fille amnésique à se remettre en selle –ou plutôt "en manche", en l'occurence–. Le fait que le médicomage qui suivait son cas de près leur avait conseillé de mener progressivement leur fille à pratiquer à nouveau des activités qu'elle aimait faire par le passé y était sans doute pour quelque chose dans cette histoire. C'est donc ce qu'ils avaient fait. Emily aimait toujours les mêmes choses, et n'avait rien perdu de ses connaissances en matière de piano, de chant, de danse et de vol sur balais -entre autres-. Lorsqu'elle s'était assise face à un piano, elle avait immédiatement su comment s'y prendre, et elle connaissait le même répertoire que celui qu'elle avait acquis avant son accident. Le même phénomène s'était reproduit avec le chant, la danse, et le vol sur balais. Cela l'agaçait au plus haut point d'être capable de faire des choses sans réussir à se rappeler où et quand elle les avait apprises.

Malheureusement, il n'y avait pas que du bon dans le fait que son amnésie n'ait pas été totale. Elle était désormais tétanisée lorsqu'elle voyait les branches d'un Saule Cogneur en mouvement. Elle se sentait mal lorsqu'elle apercevait un tel arbre au loin, et la faire s'en approcher était très difficile, pour ne pas dire impossible. Etrangement, même si le Saule Cogneur n'avait pas été le seul facteur lors de son accident (rappelons qu'elle chevauchait un balais à ce moment-là !), aucun dégoût ne s'était développé chez elle en ce qui concernait le vol sur balais. Inexplicable, vous l'avez dit ! Emily était donc en train de se préparer pour un petit entrainement solitaire. Elle avait réussi à se dégoter un vif d'or d'entraînement et était bientôt prête à se rendre sur le terrain. S'arrêtant une dernière fois devant une glace, elle ramena sa chevelure flamboyante en arrière et les attacha, à l'aide d'un élastique noir, en une haute queue de cheval. Elle pouvait désormais sortir s'entraîner – même si elle était plutôt là pour prendre du plaisir que pour s'entraîner réellement ! Depuis qu'elle était capable de se transformer en oiseau, elle n'était pas remontée sur son balais. Mais elle ne doutait pas pour autant de ses capacités à se souvenir bien rapidement des quelques figures qu'elle était capable de réaliser. Balais en main, Emily arriva sur le terrain. Elle aperçut une silhouette qui lui tournait le dos et, aussi légère et discrète qu'une plume portée par le vent, elle s'en approcha. Elle s'apprêtait à demander à cette personne si elle comptait s'entraîner elle aussi, lorsque la femme déclama :

"Alors ? Qui se souvient ici de la meilleure attrapeuse que Gryffondor ait jamais connu !?"

"J'aimerais bien dire que je me souviens de vous" répondit Emily qui savait que la question ne lui était bien évidemment pas adressée "mais cela serait un mensonge. Je vois que vous avez amenez votre balais... Cela vous dérange-t-il que je reste ? Je saurais me faire aussi petite que ce vif d'or..." ajouta en tenant entre son index et son pouce la petite balle dorée qu'elle avait habilement sortie de sa poche.

Lorsque la rousse avait pris la parole, la jeune femme qui se trouvait non loin d'elle s'était retournée aussitôt. Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle soit aussi pâle et qu'elle ait des yeux aussi sombres. Elle avait bien vu sa chevelure blanche, lorsqu'elle lui tournait encore le dos, mais elle ne pensait pas que son visage serait aussi pâle que cela. Cependant, elle ne laissa pas sa surprise être visible : elle n'était pas du genre à juger les gens sur leur apparence, et elle ne doutait pas que cette demoiselle était très gentille. Emily se contentait de sourire. La blanche Dame sourit à son tour et croisa les bras devant elle avant de dire :

"Salut Emily, je pense qu'on devrait se saluer avant tout. En temps qu'anciennes adversaires, t'en penses quoi ?"

Emily laissa échappé un doux rire qu'elle fit rapidement taire : il était vrai qu'en arrivant elle n'avait pas signifié sa présence en saluant la jeune femme, comme elle aurait, sans doute, dû le faire. A part cela, que pouvait-elle faire d'autre ? Elle répondit :

"Oui, tu as raison : salutations avant tout ! Excuse mon impolitesse..."

Les yeux noirs de la jeune femme -qui semblait avoir quelques années de plus qu'Emily- semblaient être attirés par la boule dorée que la rousse avait sortie de sa poche. Elle était -d'après ce que la bibliothécaire avait compris en l'entendant crier- une ancienne Attrapeuse, il n'était donc pas étonnant qu'elle soit ainsi enthousiaste à la vue d'un Vif d'or.

"Mais bon, j'te pardonne. Si tu me laisses jouer avec ce que tu tiens dans la main."

Emily décela une pointe de vexation dans la première phrase de son interlocutrice. Sans doute ne lui pardonnait-elle par réellement d'avoir oublié qui elle était. Après une courte réflexion, la bibliothécaire en conclut que la sorcière blanche ne semblait pas seulement être plus vieille qu'elle : elle devait sans aucun doute l'être. Elle n'était donc plus à Poudlard lors de sa dernière année ; lors de son accident. Et elle n'en avait sans doute pas entendu parlé... Elle ignorait donc qu'elle faisait face à une amnésique. Emily ne lui en voulait pas, car elle n'y était pour rien, mais elle tenait cependant à lui faire savoir qu'elle n'était pas qu'une gourde sans mémoire :

"En tous cas, j'espère que tu ne penses pas que tu n'étais pas assez importante pour marquer mon esprit, mais le fait est qu'on ne choisit pas ce que l'amnésie nous arrache... Ni ce qu'elle nous laisse..." *Elle ne m'a pas laissé grand chose, mais heureusement que ma capacité à savoir voler sur un balais en fait partie !* Après une courte pause réflexive, Emily reprit : "Trêve de bavardage : jouons ! May the best player win !"

En disant cette dernière phrase, Emily ouvrit ses doigts et la balle dorée se mit à battre très rapidement de ses fines ailes. Elle vola entre les deux sorcières, s'approchant d'abord du visage de la bibliothécaire avant de s'approcher de celui de l'autre femme, puis il quitta à toute vitesse leur champ de vision. Mais qui allait gagner ? Une joueuse professionnelle blessée ou une bonne joueuse dont la vue égalait celle du rapace dont elle pouvait prendre la forme ? Emily enfourcha son balais, adressa un dernier sourire à son adversaire et tapa du pied pour rejoindre les airs.

Lorsqu’Emily expliqua pour quelle raison elle ne l’avait pas reconnue, mentionnant son amnésie, la jeune femme sourit : la rousse eut l’impression qu’elle se sentait un peu mal à l’aise et, étant donné que ce n’était en aucun cas l’effet recherché, elle hésita à lui dire qu’elle n’avait pas à se sentir coupable, désolée, ou quoi que ce soit dans le genre. Mais, après une courte réflexion, elle avait préféré mettre fin à ce moment de gêne, lâchant le Vif d’or et enfourchant son balais après avoir lancé une dernière phrase. A l’instant même où elle décolle du sol, Emily se sent revivre. Elle ne fin qu’un avec la brise, avec le vent, avec l’air froid : elle est, littéralement, dans son élément. Un immense sourire étire ses lèvres. C’est alors que l’arrivée de la Dame blanche la ramène sur terre –façon de parler– :

« Tu vas voir, tu vas te rappeler de moi à la fin de ce match ! » fit la jeune femme avant de monter plus haut encore.

Emily lâcha un petite rire puis observa la manière dont s’y prenait la sorcière. Elle allait lentement, mais cela se voyait qu’elle maîtrisait son engin. Elle balayait le terrain des yeux, ce qui était la première chose à faire une fois en l’air. Plus elle l’observait, plus la rousse avait l’impression de l’avoir déjà vue quelque part... Mais où donc ? Elle ne s’en souvenait pas... Peut-être la confondait-elle avec quelqu’un d’autre. Quoiqu’il en soit, si vraiment elle l’avait déjà vue, cela lui reviendrait sans doute plus tard ! Emily cessa d’observer ainsi le demoiselle pour se concentrer sur ce qu’il se passait bien des mètres en-dessous d’elle : le Vivet doré chosifié voletait à quelques centimètres au-dessus de l’herbe. La rousse était agacée de l’avoir remarqué aussi vite.

*Mais si je fonce maintenant, elle va aller dans la même direction... C’est clair !* La bibliothécaire avait en effet l’impression d’être surveillée.

Elle n’avait pas eu l’occasion de pourchasser un Vif d’or depuis qu’elle était Animagus, donc Emily ne s’attendait pas à avoir autant de facilité à voir l’objet ailé. Le fait qu’il n’y ait pas d’autres joueurs et d’autres balles sur le terrain rendait la chose encore plus aisée : il lui suffisait de repérer la seule chose mouvante en dehors de son adversaire, et le tour était joué. La rousse, trouvant que sa vue sur-développée se rapprochait un peu de la triche, décida de laisser un peu de temps à la jeune femme aux cheveux blancs. Elle se contenta donc de faire le tour du terrain le plus rapidement possible, ravie de sentir le vent fouetter son visage et soulever sa queue de cheval.

*C’est juste.... Génial.*

La bibliothécaire n’avait pas peur d’atteindre des vitesses vertigineuses : le fait qu’elle se trouve sur un balais lui donnait cette étrange impression de ne pas pouvoir tomber. Et même si elle tombait, elle savait qu’elle parviendrait sans problème à se transformer en oiseau avant de toucher le sol... Et elle croyait même en sa capacité à attraper son balais avant qu’il ne s’écrase bien des mètres plus bas ! Elle était comme ça, Emily : confiante. Comme un poisson dans l’eau ! Quoique dire « un volatil dans les airs » serait, dans son cas, bien plus correct. Mais qui sait, peut-être que cette confiance la mènerait à sa perte ? En parlant de perte, est-ce que la « meilleure Attrapeuse que Gryffondor ait jamais connu » avait finalement repéré la balle dorée ? Un simple regard dans sa direction permit à la rousse d’avoir sa réponse...

Elle l'avait vu ! Il n'y avait pas de place au doute. Voir son adversaire foncer droit vers le sol ne pouvait signifier qu'une chose : elle avait repéré la balle dorée. Quoique... Peut-être était-elle en train de réaliser admirablement une feinte de Wronski ? Emily plissa les yeux et chercha la balle du regard. Elle la vit bien rapidement, en-dessous de la sorcière qui fonçait dans sa direction, à quelques mètres seulement au-dessus du sol. Un large sourire étira les lèvres de la rousse. Sans hésiter, elle fonça dans la même direction que l'ancienne Attrapeuse des Gryffondor. La balle semblait lui avoir échappé de peu, car elle volait désormais au ras du sol. Emily vit en effet le Vif d'or s'enfuir aussi vite que le lui permettait ses petites ailes. La jeune femme aux cheveux roux filait à tout allure : son adversaire se rapprochait dangereusement. Si l'une d'entre elles ne modifiait pas très rapidement sa trajectoire, elles finiraient sans doute par se rentrer dedans. La balle ailée serait alors prise en sandwich entre les deux femmes, et ces dernières passeraient très certainement la fin de leur journée à l'infirmerie. Emily, au lieu de ralentir son allure, accéléra encore, un sourire aux lèvres et la main tendue devant elle.

1. La flèche rousse fonce sur le Vif d'or, ignorant royalement l'Attrapeuse qui se trouve juste derrière. La balle dorée volant dans sa direction lui facilite grandement la tâche : elle vient se jeter dans sa main comme un idiot petit agneau irait se jeter dans la gueule du loup. Emily referme ses doigts sur l'objet et, sachant qu'il est trop tard pour éviter de foncer contre son adversaire en changeant de direction, se métamorphose pour prendre sa forme Animagus : une Buse à épaulettes. Son balais perd rapidement de l'altitude et rejoint le sol qui se trouve un mètre seulement en contre-bas. L'objet roule un instant et se mobilise finalement sans la moindre égratignure. Le volatil qu'est désormais Emily a, quant à lui, pris immédiatement de l'altitude, la balle ailée fermement maintenue par ses serres. La bibliothécaire rejoint le sol, se posant à côté de son balais, et reprend sa forme humaine, levant à la hauteur de ses yeux l'objet doré qu'elle tient entre son pouce son indexe et son majeur.

2. Ne voulant pas rentrer dans son adversaire, Emily l'évite de justesse, sentant le courant d'air produit par le passage de la sorcière la frapper de plein fouet. Elle prend un virage en tête d'épingle, à 180° et fonce à la suite de la sorcière. Elle se retrouve bien vite à côté d'elle, souriant sans lui adresser le moindre regard. Presque épaule contre épaule, les deux joueuses foncent vers la balle.

3. Refusant de blesser inutilement son adversaire en lui fonçant dessus, Emily monte en flèche. Elle se trouve désormais une dizaine de mètre plus haut et observe la scène qui se déroule plus bas, sans chercher à rattraper l'autre joueuse d'une quelconque manière. Si le Vif parvient à s'enfuir, elle poursuivra la jeu, mais si l'ancienne Gryffondor l'attrape, elle ne cherchera pas à l'en empêcher et se contentera de la féliciter.

Lorsqu'Emily avait évité de justesse son adversaire, elle aurait pu jurer qu'elle avait vu sur ses joues des larmes. Certes, il était possible que la présence de ces gouttelettes argentées soit justifiée par le vent frais qui fouettait le visage de la joueuse et une certaine sensibilité, mais... L'abondance des larmes rendait cette hypothèse moins probable qu'elle n'aurait pu l'être. Pourquoi diable pleurait-elle ? Fronçant les sourcils, observant son adversaire qui progressait en dessous d'elle, Emily en vint presque à oublier le but de leur confrontation : attraper le vif d'or. En voyant que le Vif s'échappait pour la énième fois de la main déterminée de Léonor, la bibliothécaire suivit l'objet ailé des yeux. Il remontait !

1. Sans hésitation, la rousse se coucha presque sur son manche, filant à toute allure en direction du Vif d'or. Elle ne doutait pas qu'en la voyant agir de la sorte son adversaire la pourchasserait immédiatement, mais elle ne s'en préoccupa pas. Non. Maintenant, plus rien n'existait autour d'elle. Il n'y avait qu'elle et le Vif d'or. La buse et sa proie. Avec une rage sans pareille, elle tendit la main, hésitant à se mettre debout sur son manche pour gagner quelques centimètres sur la distance qui la séparait encore du Vif, mais elle abandonna finalement son idée : elle était bien trop haut pour se permettre pareille figure. Se penchant encore sur son manche, Emily accéléra, se rapprochant encore de la balle ailée. Lorsqu'elle sentit les ailes de l'objet frôler la paume de sa main, elle referma ses serres et un sourire ravi étira ses lèvres. Levant le point fermé au dessus de sa tête pour faire comprendre à son adversaire qu'elle avait gagné, elle s'en alla rejoindre le sol. Arrivée sur la pelouse du stade, elle attendit que Léonor la rejoigne tout en observant la balle dorée qu'elle tenait entre ses doigts. C'est qu'elle ne s'était pas laissée faire facilement, cette saleté...

2. Sans hésitation, la rousse se coucha sur son manche, filant à toute allure en direction du Vif d'or. Elle ne se préoccupa pas des faits et gestes de son adversaire, se contentant de pourchasser la petite balle à travers le ciel. C'est alors qu'un flash visuel la ramena quelques années en arrière... Lorsqu'elle volait dans le parc de Poudlard sur le balais qu'elle avait pris dans la réserve du stade. La vision qu'elle eut était celle d'une grosse branche de Saule Cogneur s'abattant sur elle. Le flash ne dura que quelques secondes, mais cela suffit amplement à déstabiliser la rousse. Voulant éviter cette branche imaginaire, elle se décala sur le côté et perdit la maîtrise de son balais. Glissant du manche, elle se retrouva dans le vide. Une seconde plus tard, elle s'était transformée en buse et se précipitait vers son balais qui fonçait au sol. Ses serres se refermèrent sur le manche de l'objet. Emily se posa ensuite sur la pelouse du stade et reprit sa forme humaine : elle était agenouillée au sol, les mains tremblantes, son balais posé à côté d'elle. Elle était tétanisée, regardant droit devant elle comme si les branches assassines allaient surgir de nulle part pour l'achever. Une larme roula sur sa joue et termina sa course au coin de ses lèvres.

Avant que Léonor n'ait eu le temps de rejoindre Emily, le visage de cette dernière s'était couvert de larmes. Secouée par un sanglot irrépressible, elle faisait de son mieux pour retrouver son calme... en vain. A chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle avait peur qu'en les rouvrant une nouvelle vision ne l'assaillie. Ce genre d'événement ne lui était encore jamais arrivé. Etait-ce le lieu dans lequel elle se trouvait qui avait rouvert une porte sur son passé ? Cette théorie n'était pas impossible. Après tout, c'était justement pour cette raison qu'elle était revenue à Poudlard : retrouver ses souvenirs. Elle ne pensait cependant pas que cela se ferait aussi rapidement.

Encore sous le choc, Emily entendit à peine Léonor s'approcher d'elle. Lorsqu'une main réconfortante se posa sur le dos de la rousse, cette dernière se força à prendre une profonde inspiration. Elle respirait de manière saccadée. Elle ne sanglotait plus, mais les larmes continuaient à couler le long de ses joues et ses mains tremblaient toujours un peu lorsqu'elles quittaient ses genoux. Emily se souvint alors que son adversaire l'avait vue prendre sa forme Animagus. En y repensant, son estomac se noua : et si Léonor faisait partie de ces gens qui pensaient que les personnes ayant la capacité à se transformer en animal n'étaient pas de véritables sorciers...? Le directeur de Poudlard avait laissé le choix à Emily d'avouer ou non à ses collègues qu'elle était Animagus et, après hésitation, elle avait jugé préférable de ne pas le crier sur tous les toits.

A travers ses larmes, la jeune femme vit l'objet doré qui s'était tant fait désirer se poser à ses côtés. Les Vifs d'or était réellement des choses impressionnantes : ils parvenaient à savoir lorsque quand ils devaient cesser de fuir, par exemple lorsque la totalité des joueurs avaient rejoint le sol. Léonor s'en empara et le déposa dans l'une des mains d'Emily. Elle lui annonça alors qu'elle avait gagné et que cela ne faisait aucun doute. N'y croyant pas réellement, la rousse laissa tout de même un sourire se dessiner sur ses lèvres. Elle renifla puis essuya ses larmes de sa main libre. Elle ne pleurait plus, mais elle avait la gorge sèche et il lui fallut un petit moment avant de parvenir à formuler la phrase suivante :

"Merci... Mais ce n'est pas réellement vrai. Le Vif aurait pu m'échapper ! Mais bref, c'est gentil de ta part..." Elle tourna la tête pour regarder Léonor et, d'une voix presque suppliante, elle lui demanda : "Pourrais-tu garder pour toi ce que tu as vu... ? Etant donné le climat politique actuel, les Animagus vivront bientôt le même enfer que les hybrides..."