Un banc

Cet après-midi, le temps était propice pour sortir. Depuis le début de l'année, Gregory avait déjà brisé sa plume sans même savoir comment. Sans compter qu'il avait passé pas mal de temps à écrire pendant ses moments de pause. Autant dire qu'il manquait d'encre. Il en profiterait pour faire le plein de parchemin, d'autant plus que Mlle Corvinus avait demandé de lui rendre un devoir de 45 centimètres de parchemin. Il avait donc décidé de se rendre chez Scribenpenne, la boutique idéale où il passait du temps à observer les beaux objets dédiés à l'écriture. Heureusement, ses parents l'avait autorisé à retirer suffisamment d'argent dans son coffre à Gringotts pour se faire plaisir jusqu'aux vacances d'Halloween.

D'un pas enjoué, il avait presque le sourire aux lèvres lorsqu'il traversa la rue principale du village sorcier. Un sac sous le bras et l'autre main dans la poche de sa robe, il avançait avec une seule pensée en tête : celle de passer une bonne heure dans une boutique qu'il aimait. D'ailleurs il ne sentit presque rien lorsqu'une fille déboula à font la caisse en roller et le frôla de son bras.
Il ne la vit même pas au loin. Seulement, c'est un bruit sourd et dur qui le fit se retourner d'un air légèrement surpris. C'est uniquement à ce moment-là qu'il découvrit une fille étalé sur un banc à cinq mètre derrière lui. Elle semblait souffrir. En l'observant davantage, Gregory remarqua qu'elle portait de ces étranges chaussures roulante. En relevant la tête vers elle, tout en s'avançant par préoccupation pour son mal-être, il comprit que c'était cette fameuse Gwendoline. La maladroite qui lui était rentré dedans dès leur première rencontre presque trois semaines auparavant.

Il soupira avant de s'accroupir aux pieds de Gwendoline. Vue la façon dont elle se tenait, elle devait avoir probablement mal au ventre. Le banc devait y être pour quelque chose.

- Je savais que ces maudites chaussures étaient dangereuses. Et tu devrais savoir qu'un Préfet à souvent raison, voire toujours.

Gregory s'autorisa à relever la tête de Gwendoline d'un doigt doux pour voir son visage.

- Est-ce que ça va ? T'as pas l'air bien du tout...

Effectivement, si elle venait de tomber, à la vitesse à laquelle elle avait dévalé la rue, ça devait être assez violent au bout du chemin, contre ce banc. De sa position accroupie, il n'avait plus l'air d'un préfet dominateur. Il se frotta un peu le front, comme s'il cherchait un moyen pour soulager la blessure de sa camarade.

Bulotte

Pour toute réponse Gwendoline lui lança une phrase toute faite qui correspondait à la situation. Elle venait d'avouer qu'elle était une fille maladroite, mais Gregory n'aurait pas eu besoin de ses avoeux pour s'en rendre compte. Aujourd'hui elle s'encastrait dans un banc, la dernière fois elle le heurtait de plein fouet, alors que l'après-midi même elle tombait dans les escaliers de la Salle Commune... Effectivement, elle avait l'habitude de tomber. Le brun prit sa seconde intervention comme une manière de lui demander bien gentiment de s'écarter, ce qu'il fit sans broncher. Il se redressa jusqu'à être à nouveau debout devant sa camarade étalée sur le banc, les mains appuyées sur son ventre. Le jeune homme ressentait une sorte de sympathie qui le fit grimacer lui aussi, bien qu'elle ne le vit certainement pas.

- Je ne dirais pas que tu me dérange cette fois-ci, après tout on est dimanche, ce n'est pas comme si j'étais pressé.

Il haussa les épaules. Bon d'accord, il avait expressément besoin de ces parchemins et encore plus d'une nouvelle plume, mais ce n'était pas une presque collision qui l'empêcherait de faire ses achats. Il aurait pu partir sur le champs et la laisser tranquille, puisqu'elle lui avait demandé. D'ailleurs il hésita à le faire. Mais voir quelqu'un en détresse, ça le rendait compatissant la plupart du temps.

- Laisse-moi au moins t'aider à récupérer toutes tes..., il regarda autour du banc pour voir ce qui était tombé au moment de la chute, tes friandises. Honeyducks, n'est-ce pas ?

Il n'attendit pas qu'elle lui réponde, il se pencha vers la dizaine de bonbons colorés emballés qui s'étaient éparpillé sur le sol et se mit à les ramasser un par un en les empilant dans sa main. Il savait à quel point la boutique de sucrerie à pré-au-Lard était célèbre chez les élèves de Poudlard. Mais à vrai dire, même s'il avait le droit de sortir depuis sa troisième année, il n'avait pas goûté à plus d'un quart de tout ce qui se vendait dans cette fameuse boutique. Il avait toujours eu tendance à préférer le salé au sucré.

Bulotte

Gregory tenait à présent toutes les friandises dans les paumes de ses mains, ne sachant où les déposer. Il les aurait bien laissé tombé sur ses genoux mais ça y est, Gwendoline venait de se lever. Le brun était d'ailleurs sacrément étonné de la voir sur pied ! Il cligna des yeux et se mit à sourire à la réflexion de sa camarade.

- Effectivement, on va dire qu'il y a eu plus de peur que de mal...

Toujours aussi étonné, il regarda Gwendoline s'éloigner sur ses chaussures roulante d'un air mal assuré. Elle avait l'air de les tester pour être sûre qu'ils fonctionnait toujours. Apparemment c'était le cas.

- Je me rendais chez Scribenpenne. Mais pour ce qui est de la boisson, je peux encore me rattraper... Tu es plutôt salon de thé ou pub ?

Il préférait lui offrir les deux possibilités ne connaissant pas du tout la fille. Après tout, il avait bien envie d'une boisson chaude lui aussi. Le temps se refroidissait ces temps-ci. En plus il aurait de la compagnie. D'un geste habile, il rassembla tous les bonbons magiques dans une seule de ses mains et les fit tous glisser dans sa grande poche vide. Si Gwendoline voulait les récupérer, elle devrait user de la force.

Bulotte

Il aurait bien aimé répliquer tout de suite, quelque chose comme "Ah ouais, c'est très sympa ! J'aurais aussi pu te laisser morfler sur ton pauvre banc solitaire, et tu aurais ramassé tes souris toute seule". Mais il garda ça pour lui. Ce qu'elle ajouta ensuite le fit tout de suite beaucoup rire. C'était comme ça qu'il réagissait quand une arrière pensée un peu mal placée lui traversait l'esprit. Sur ce coup là il ne pu retenir son idée.

- Ce que je cache sous ma cape c'est...

Sauf qu'il se stoppa net quand il sentit la main, dont la fraîcheur traversa son sweat, glisser le long de son torse. Il ne compris pas de suite pourquoi elle faisait ça, et l'embarras le contraint à rester sur place. Il s'apprêtait à attraper le poignet de la jeune fille lorsque sa main fila droit dans sa poche pleine des friandises qui lui appartenaient. Elle les saisit aussi vite qu'elle le pu et Gregory se sentit quelque peu dépassé par les événements. Il pencha la tête, ne sachant que dire sur l'instant.

- Maladroite ça c'est sûre, mais j'ignorait que tu savais aussi être maligne et rapide.

En sentant par moment le manque d'équilibre de Gwendoline, le brun encercla son avant bras d'une main solide mais légère, pour s'assurer qu'elle ne fasse pas une nouvelle chute.

- Bon très bien, alors va pour les Trois Balais ? Maintenant que tu me le dis, c'est vrai que c'est plus ton style d'aller là-bas.

Gregory sourit d'un air taquin avant de mener la marche. Il lacha le bras de sa camarade tout en se dirigeant vers l'espèce de taverne où se réunissaient aussi bien les professeurs que les élèves, les travailleurs des villages voisins et les amis de la patronne. Gwendoline se débrouillerait seule avec ses rollers.

Bulotte

Gregory toussota la main fermée en poing devant sa bouche et resserra son écharpe rouge et or qu'il prenait toujours avec lui. Le vent se faisait ressentir maintenant qu'ils étaient entourés de bâtiment car il s'engouffrait entre les façades. C'est lui qui rafraîchissait l'air. Mais ça n'empêchait personne de sortir, pas même en hiver. Les pull étaient là pour ça. Pour l'instant la température était très supportable. L'air que déplaça Gwendoline en rattrapant le jeune homme ne le fit pas davantage frissonner mais il tourna la tête vers elle qui faisait l'effort d'avancer à son rythme. Il cru voir une nouvelle expression sur le visage de la jeune femme. Une sorte d'inquiétude.

- Ah... non, ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est que... tu me l'as dis toi-même, les froufrous tout ça, c'est pas ton truc, si ?

Gregory était un garçon adroit, attentionné, à l'écoute, et réfléchit, mais il lui arrivait d'être maladroit dans ses mots et ses interprétations par moment, surtout avec les filles. En même temps il ne faisait pas parti de ces poignées de garçons qui à son âge avaient déjà connus plusieurs petites amies ou avaient déjà goûté à ce qu'il s'interdisait même d'imaginer. En général, il était bon pour analyser les filles mais il lui arrivait de se tromper et là il avait l'impression d'avoir mis Gwendoline dans l'embarras. Pour être sûr de la rassurer, il reprit la parole en hochant la tête. Il s'arrêta net, dans la rue pavée où quelques personnes pressées passaient.

- Moi, je n'ai aucun préjuger sur personne. Dis-moi où tu veux aller boire, ça m'est égal.

D'un regard doux et insistant à la fois il tentait de déceler une quelconque hésitation ou une lueur de réconfort dans le regard de Gwendoline.

Bulotte

(fin de rp - suite au pub)