Le long des boutiques

Jerome avait raison sur un point: C'est que Kalis ne le connaissait que peu, voir pas du tout. Mais ce qu'il venait de voir lui suffisait amplement. Il fit mine de souffler d'agacement, mais secrètement, il se marrait. Qu'importe qu'on connaisse à qui nous avons faire tant que nous possédons tout ce qu'il faut pour anéantir notre ennemi. Il ne se priva pas de lui faire remarquer.

- Vous avez raison, vous pouvez faire de moi ce que vous voulez monsieur. Je n'ai rien pour être pris au sérieux de très concret... Juste des yeux et une mémoire. Mais je sais parler, et si je veux que l'on m'écoute et quand je deviens intéressant, on m'écoute.

Il s'adossa au mur en portant une clope à ses lèvres et d'un geste machinal, passa une main dans ses cheveux en soupirant lourdement. Il allait payer cher si son père était mis au courant de cette histoire. Mais au final, il avait toujours payé cher, même en n'ayant rien fais, alors aucune différence. C'était clair dans sa tête: Ses aînés ne l'aimaient pas, ou du moins, ne l'avaient jamais laissés paraître.

- Je peux être un grand orateur si je le veux. Je n'aime pas m'en vanter mais je sais me faire entendre. Et puis sincèrement, qui serait intéressé par une attaque injustifiée d'un homme comme vous contre un gamin comme moi ?

Rejeton. Gamin. Des surnoms finalement pas si péjoratifs, mais prononcés de telle façon qu'ils soient peut être en mesure de le blesser de la part d'un homme comme Jerome Donell. Ce n'était pas le cas. Kalis ne s'arrêtait pas à ce qu'on lui disait, sinon comment ferait il pour vivre ? Il ne put pas s'empêcher néanmoins de s'avouer que son père ne devait pas être mis au courant de cette situation. Encore une fois, peut être aurait il du réfléchir, avant d'agir. Mais pour un esprit aussi vif que le sien, qui pourrait être vraiment capable de le détourner de son but ou de le déconcentrer ?

- Mon père se fiche déjà bien assez de moi, je crains que vous ne fassiez que le lasser davantage de ma personne. Oh il me fichera sans doute une raclée, mais je n'ai nullement peur de ses coups, et bien moins encore de ses mots.

Il voulait en apprendre plus sur l'homme, parce que ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait se vanter de rencontrer un homme renommé comme lui. Il n'avait pas honte de sa tenue, ni même de ses paroles, et ne se vantait même pas de pouvoir lui parler en face à face. Après tout, il se sentait davantage concerné que bien d'autres : Cet homme négociait dans l'ombre avec son paternel. Mais alors qu'il s'apprêtait à lui répliquer une nouvelle qu'il allait devoir négocier maintenant avec le fils de son vendeur pour qu'il garde le silence, Jerome reprit les rennes, et il ne lui fallut que quelques secondes pour disparaître, comme s'il ne s'était jamais arrêté. Quand Kalis tourna sa tête, il l'aperçut simplement qu'il s'éloignait et contre toute attente, ne prit pas la décision de le suivre.

Au fond, il savait que ce n'était qu'un au revoir. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne se revoient, peut être dans un endroit plus familier, dans une ambiance plus intime. Par exemple... Autour d'un parchemin griffonné à l'encre noire, et d'une plume, pour négocier ?


Fin du rp.