Le Magicobus

Chaleur diabolique dehors, j'errais à Port Dinvin en direction de mon box. Par ce temps, nul autre choix que d'enfiler un short en jean blanc, un haut jaune dans manches au motif passé et une petite veste de tissu style jean clair. Avec mes différentes escapades, j'avais amassée un beau trésor d'objets en tous genres, de frusques et d'accessoires colorés. Sans lieu réel pour les entreposer, tout ce bazar avait fini dans un box non loin du manoir des Blake, bien que mes géniteurs en ignore totalement l'existence. Maintenant, tout changeais. Et c'est donc malgré le soleil me tapant sur le crâne de ses rayons puissants que j'avançais de bonne humeur pour faire mes bagages, une dernière fois je l'espérais.

Le box 317 était vieux, la porte coulissante rouillée par endroits par des années de mauvais traitements. Non sans quelques efforts, je finissais par m'étaler de tout mon long devant l'entrée en décoinçant finalement l'accès. Après avoir juré pendant 10 bonnes minutes, insultes dans lesquelles incluait l'interaction d'un gnome avec un Merlin - Je n'entrerais pas dans les détails ici - je sortais enfin mes différentes malles d'un noir satinées, dont la plupart étaient recouvertes de différents autocollants: Voyages, concerts, et autres clubs, souvenirs de moments exotiques et inoubliables.


Après une bonne heure à nager dans une mare de bordel et avec l'impression de frire dans un ce four à taille humaine, je sortais enfin la dernière valise du box sans l'aide de ma baguette, malheureusement. En effet, Dinvin était loin d'être un coin sorcier, et après autant d'efforts pour ma liberté, je n'avais aucune envie que le Ministère me tombe dessus parce que j'avais fait une toute petite lévitation de rien du tout... Beaucoup plus rapidement que la première fois, je refermais la porte, et levais ma baguette.

Malgré toutes mes escapades, c'était la première fois que j'avais recours aux services du Magicobus, aussi célèbre le bus bleu-violet soit-il. A ce qu'il parait, rien n'avait trop changé dans l'intérieur depuis des années, si ce n'est qu'il était plus propre depuis l'arrivée du nouveau conducteur... Que je ne tarderais pas à rencontrer. Fusée dans la ville, véritable missile lancé à ma recherche, je vis débouler le moyen de transport, pour le voir arrêter quelques secondes tard devant moi, la porte s'ouvrant dans un léger couinement.

Un air légèrement surpris sur le visage, j'observais un contrôleur en tenue de service sortir de l'engin avec souplesse, sortant un discours rodé à la perfection. L'écoutant, ne sachant, ni comment l'arrêter, ni les tarifs qu'il énonçait maintenant d'une voix claire, je l'écoutais attentivement, accoudée sur la plus grande de mes valises. Une jolie brune à la coupe courte étaient derrière les commandes, un léger sourire sur les lèvres. Alors que le contrôleur terminait son discours d'accueil, je rabattais mes lunettes de soleil sur mon nez, mais avant que je ne dises quoi que ce soit, le brune demanda:

- Bonjour ! Vous déménagez ?

Me redressant légèrement, fière de moi, j'attrapais le vanity en souriant:

- S'lut.. Ouaip ! Enfin un chez moi. Mais bon, va déjà falloir que je survives à tout ce bordel...

A la fin de ma phrase, je désignais l'amas de malles en tous genres autour de moi. Oui, carrément autour de moi. Un demi sourire en coin s'étira sur mon visage, si typique chez ma personne. La jeune femme n'avait pas l'air beaucoup plus âgée que moi, et plutôt agréable. A vrai dire, elle avait l'air dans ses baskets à trainer sur la route, ce qui faisait un point commun. Avec tout ça, j'avais totalement oubliée combien je devais à la conductrice avant d'embarquer tout ce fatras, aussi avec un petit soupir devant ma propre bêtise, je demandais en rabattant quelques mèches folles derrière mon oreille:

- Bon, je sais qu'vous venez de me dire les tarif hein.. Mais combien déjà pour aller jusqu'au Chaudron Baveur avec tout ça ?

Pour un peu, j'en devenais presque rouge.. Presque heureusement.

Lunatik (c)

La brunette rit, et je ne savais pas trop si c'était à cause de ma première phrase ou de ma demande. Haussant imperceptiblement les épaules puisque de toute manière ce n'était pas très important, j’observais donc la demoiselle sauter habilement de son tableau de bord pour me rejoindre sur le pas de la porte. Avec une joie à peine dissimulée, la sorcière me proposa son aide tout en commençant le travail, bien que je n'aurais pas vraiment refusé de toute manière, ma pile de bagages étant bien trop importante pour que je veuille me débrouiller toute seule cette fois.

Rapidement, je me mis à mon tour à bouger, attrapant la plus grosse des malles, histoire de faire le plus gros en premier. Non sans de formidables efforts, je parvenais enfin à hisser la valise au sommet des marches, le souffle court et transpirant par ce soleil de plomb. Alors que la brune redescendait pour deux nouvelles malles, elle me lança à l'arrachée un "Installe-toi où tu veux" que je n'oublierais pas une fois les valises installées. Rapidement nous finîmes de monter mes affaires et je put enfin observer l'intérieur dont j'avais tant entendue parler. La seule différence notable par rapport aux rumeurs était probablement les grosses fixations des sièges, qui devait certainement être beaucoup plus pratique qu'auparavant, question confort, confort que je n'allais pas tarder à tester. Sans plus de cérémonie je m'avachis sur un des fauteuils proche de l'entrée et ainsi de la conductrice avant de soupirer bruyamment d'aise:

- Bah j'veux pas dire, mais il fait tout de même meilleur à l'intérieur hein...

A peine avais je eut le temps de soufflet cependant que la conductrice était déjà à son poste, roulant des yeux devant les petits boutons clignotants de son tableau de bord. Me redressant légèrement pour voir de quoi il s'agissait, j'haussais un sourcil avec intérêt, si bien que je n'entendis pas la brune s'exclamer avec espièglerie un "Accrochez-vous !" avant de démarrer d'un bond. Le suite fut un rodéo entre les voitures, les trottoirs, les poteaux, avant que tout ne deviennent flou et imperceptible à l'oeil nu. Soudainement nous changions décor, et c'est un peu groggy que je comprenais enfin que nous étions à l'arrêt. Pls amusée qu'autre chose par le grand huit, je m'exclamais un peu trop fort:

- Ha ouai quand vous dites service rapide, c'est rapide ! On est ou là ?

Sans même attendre la répondre, je tentais de percevoir l'extérieur au travers des grandes fenêtres. Mais tout ce que je voyais tanguait légèrement, et la lumière m'aveuglait, me permettant seulement de voir de jolies couleurs mouvantes. Comme quoi parfois on avait pas besoin de produits pour avoir des hallus... Un sourire au coin droit, j'essayais de me recentrer sur la joyeuse conductrice.

Lunatik (c)

-Ballinrobe. L'Irlande, ma jolie!

Je n'eus finalement pas besoin de me concentrer bien longtemps sur la conductrice, puisque ce fut la nouvelle passagère qui me répondit tout en posant son sac pour payer. Ce fut donc sur la chevelure de feu de la sorcière que je tentais de me concentrer, les images reprenant doucement leur sens dans mon esprit. La sorcière avait un accent typique, et je me demandais presque si ce n'était pas fait exprès.

La conductrice dû une nouvelle fois répéter les tarifs, le jeune contrôleur étant un peu trop rapide - peut être pour aller avec le Magicobus - mais du coup on comprenait absolument rien. J'appuyais ma tête contre le fauteuil quand le transport reparti pour une nouvelle tournée, s'arrêtant pour faire grimper un vieux type à l'air ronchon, à qui la brunette rendit la monnaie de sa pièce en le faisant trébucher au redémarrage. Avec un demi sourire je m'accoudais à la rambarde face à moi, et arguait:

- J'vois qu'on sait comment s'amuser ! Prochain arrêt, chaudron baveur ?

Je me demandais si la rousse qui était monté quelques instants plus tôt allait au même endroit. Après tout, ce pub était un axe majeur du monde magique anglais, ce qui me poussait maintenant à me demander quelles étaient les limites du fameux bus violet. Alors que le bus se stoppait une nouvelle fois avec son élégance habituelle, les mots franchirent mes lèvres sans que j'y pense:

- Votre magicobus, il va jusqu’où ? J'veux dire, vous faites pas la planète entière quand même...

Lunatik (c)

Alors que la rousse manquait de trébucher face aux a-coups de notre chère conductrice, celle ci s'assura qu'elle ne ce soit pas fait mal avant de répondre à ma question. A vrai dire, la brunette ne connaissait pas non plus les limites de son outil de travail, et c'est avec un petit air taquin qu'elle ajouta non sans humour:

- Mais après tout, j'ai jamais essayé... Ça te dis une balade ?

Le ton de la jeune femme résolument moqueur me fit légèrement pouffer, et je me rencognais dans le siège en riant. L'idée de faire une petite virée en Magicobus ne me déplaisait pas en soi, mais tenter des trucs inédits sans savoir à quoi m'attendre avec tout de ce que possédais un peu moins. Je songeais un instant à lui rétorquer pourquoi avec le même air qu'elle avant de me raviser tandis que le bus ralentissait légèrement, dessinant le paysage de Londres et sa foule ininterrompue. C'est ce moment que choisi la femme rousse pour réagir à ma phrase précédente en questionnant:

-Tu vas aussi au chaudron Baveur?

En me tournant vers la sorcière, j'observais son sourire gentil et engageant. En y réfléchissant, je connaissais pas beaucoup d'autres lieu sorciers dans Londres, et l'Angleterre ne regorgeait pas non plus de coin sorciers ou s'éclater... D’où mon intérêt pour les moldus et leurs loisirs. Après une nouvelle secousse pendant laquelle l'engin enchanté s'étirait entre deux voitures, je répondais tout en souriant à mon tour:

- Ouaip, en même temps, j'me demande bien ou les sorciers peuvent bien aller dans Londres à part ça... J'vais enfin avoir mon appart ! Et toi, petite virée shopping ?

La sorcière n'avait pas vraiment l'air d'être le genre de femme à faire du lèche vitrine, mais on ne sait jamais, et c'est la première idée qui m'étais venue, à part bien sûr une petite soirée dans le fameux pub, toujours si bruyant et bondé. L'idéal pour faire les rencontres mais pas le meilleur des lieux pour se reposer...

Lunatik (c)

- On va plutôt dire que j'aide quelqu'un à déménager. Et toi? Courses de rentrée? ou... autre chose?

Je partais d'un petit rire léger. Pas que je me moquais de la rousse, enfin si peut être mais seulement un petit peu et pas méchamment. Les zig-zag incessants du Magicobus avaient certainement faits se perdre quelques mots dans le tas quand j'avais répondue à la jeune femme puisque celle ci n'avait pas entendu pour l'appartement. En parlant de déménagement, la rouquine n'avait pas l'air particulièrement ravie en parlant de celui qu'elle était en train d'effectuer, mais pas par flemme, plus par... Tristesse dira-t-on.

Je préférais ne pas demander le pourquoi, après tout je connaissais la sorcière depuis seulement quelques minutes, et si la vie des gens était un spectacle, j'étais plutôt du genre comédie que drame. Le bus buta une énième fois, laissant apparaître les portes du Chaudron Baveur dans un dernier sursaut de moteur. Je sautais immédiatement sur mes pieds cherchant la gravité terrestre quelques secondes avant de répondre à l'autre passagère:

- Comme j'disais, j'emménage dans mon nouvel appart ! Mais faudrait peut être que je penses à faire quelques courses aussi j'avoue.... Merci de m'y faire penser !

J'esquissais un de mes sempiternels sourires en coin avant de descendre les marches en me tenant aux sièges. Une fois que la soute fut enfin ouverte par l'assistant de notre chère conductrice, j'attrapais la première valise d'une suite un peu trop nombreuse à mon goût en soufflant. Le problème quand on prenait le Magicobus, c'est que par exemple, quand on allait au chaudron Baveur avec vingt mille valises, bah fallait les décharger à tour de bras, et pas de baguette !

Tandis que je maugréais intérieurement sur le code international du secret magique en continuant mon labeur, les filles descendaient à leur tour du moyen de transport. On voyait aisément que Thalia avait l'habitude de monter et descendre de l'engin sans effort, alors que moi comme la rouquine avions un léger hâle palot après les montagnes russes. Pourtant, la petite ballade en Magicobus avait été une expérience plus qu'intéressante, et j'aurais bien refait un petit tour si mon temps n'était pas - pour une fois - compté. Je profitais tout de même de cette pensée pour lancer:

- Finalement j'devrais peut être moi aussi devenir conductrice de cet engin...
Ca doit être plutôt cool de parcourir les routes toute la journée nan ?

Lunatik (c)