Une fenêtre en ogive

Princesse en détresse

Kathleen était sortie depuis longtemps de son cours de métamorphose, deux étages au-dessus. Elle s'était ensuite rendue dans la Grande Salle pour aller y prendre un fruit. Tout en marchant, elle avait ouvert les deux premiers boutons de sa chemise et avait desserré sa cravate. Ensuite, elle s'était rendue à la bibliothèque afin d'y faire ses devoirs. Aux alentours de 18h00, elle en était sortie : elle avait décidé d'aller se changer dans son dortoir. Sur son chemin, elle ne croisa pas grand monde : beaucoup d'élèves étaient en cours d'études des objets magiques. Au loin, elle crut entendre des gens parler. S'approchant aussi silencieusement qu'un loup -de manière totalement involontaire- elle vit immédiatement une fille assise à même le sol. Ignorant en premier lieu les deux sorcières qui discutaient, elle tourna soudainement la tête en entendant le diminutif du prénom de Gwendoline être prononcé. Voyant les yeux rouges et humides de la brune, Kathleen s'arrêta et lui lança :

"Houlà Princesse, qu'est-ce qui t'a fait chialer ?"

Le ton de sa voix n'était ni compatissant, ni insultant, ni rien d'autre de définissable. Elle avait parlé d'une voix aussi blanche que sa peau. Glissant ses mains dans les poches de sa cape, la rousse attendit la réponse, non sans lancer un bref regard à la fille assise à ses pieds. Elle était vêtue, aux yeux de la Serpentard, "comme un sapin de Noël". Elle qui aimait suivre la mode, elle ne concevait pas que l'on puisse assortir de cette manière des vêtements qui n'allaient pas le moins du monde ensemble. Le regard de Kathleen restant des plus neutres, il était impossible que les deux sorcières parviennent à déchiffrer ce qu'elle pensait de la Poufsouffle. Glissant à nouveau son regard sur Gwendoline, elle attendait sa réponse tout en réajustant sur son épaule la lanière de son sac noir à bandoulière. Ensuite, elle glissa sa main droite dans la poche de sa cape où ses doigts se refermèrent sur la pomme verte qu'elle avait été prendre dans la Grande Salle et qu'elle y avait glissée, une heure seulement auparavant.

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Princesse en détresse

Avant même que Gwendoline n'ait eu le temps de répondre à la question posée par Kathleen, celle à qui la rousse ne s'était pas adressée pris la parole pour lui dire d'y aller doucement. Glissant ses yeux perçants sur elle, elle haussa les sourcils, affichant une mine où la surprise et l'incompréhension se mêlaient. Laissant quelques longues secondes s'écouler, cela permit à Gwendoline de répondre à sa question et d'en poser une nouvelle. Rapportant son attention sur la brune, elle lui répondit :

"Oh je vois... Bah... C'est pas la fin du monde, Princesse ! J'suis sûre que si tu vas voir le ou la prof' d'études des objets magiques pour lui expliquer ce qu'il s'est passé, il ou elle comprendra. Et non, j'sèche pas, je suis bien trop respectueuse du règlement pour me le permettre !"

Elle avait accompagné cette dernière phrase d'un sourire énigmatique. Juste après, elle passa ses mains sur sa jupe grise, comme pour la réarranger alors qu'elle n'en avait pas besoin. A la voir ainsi, on aurait pu la confondre avec une élève studieuse et réellement respectueuse du règlement. Mais l'était-elle ? Portant à nouveau son attention sur la sorcière assise à ses pieds, Kathleen la jaugea du regard en remettant rapidement son masque de neutralité impénétrable. Elle prit ensuite la parole sur un ton non pas glacial, mais loin d'être chaleureux :

"Tu vois, petit Aigle, Gwen ne semble pas être déstabilisée par le terme "chialer". A moins que... A moins que ton accoutrement des plus... Disons, excentriques, ne soit qu'une façade pour cacher ton coeur tendre de petit Blaireau ? Ou alors serais-tu un petit Lion dont le courage peut-être déplacé lui a fait oublier qu'il fallait éviter de marcher sur la queue des "Petits Serpents", comme tu le dis si bien ? Bref. Je m'appelle Kathleen. Kathleen Sherwood. Et tu es... ?"

L'emphase qu'elle avait mis dans sa voix à chaque fois qu'elle avait prononcé le mot "petit" ne trompait pas : elle n'avait pas apprécié ce terme, surtout venant d'une fille qui semblait être plus jeune qu'elle ou qui avait du moins le même âge. Regardant d'en haut l'élève dont elle ignorait encore le nom, Kathleen attendit sa réponse, immobile, la fixant de son regard pénétrant. On aurait pu croire qu'elle était en train de la passer au rayon X afin de découvrir tout ce qu'il y avait à savoir la concernant.

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Princesse en détresse

Kathleen n'écouta pas la fin du discours de Sakura-Abigail. En effet, dès qu'elle avait entendu le nom de famille de la demoiselle, elle ne suivait plus que d'une oreille ce que lui disait la jeune fille étrangement vêtue qui, apparemment, était plus âgée qu'elle, même si elle ne semblait physiquement pas l'être. Andrews. C'était le nom de famille de la célèbre créatrice de vêtements, Ashley Andrews. La rousse n'avouerait jamais son admiration pour qui que ce soit, mais, au fond d'elle-même, elle savait qu'elle appréciait réellement les créations de la sorcière. Ecartant d'un bref geste de la main les excuses de la Poufsouffle, elle attendit que les deux élèves aient terminé de parler d'un certain monsieur Thomas puis elle demanda à Sakura-Abigail :

"Tu es la fille d'Ashley Andrews, la créatrice de mode sorcière ? Et j'savais pas que c'était possible d'prendre moins de cours que d'habitude... C'est parce que ta mère est célèbre qu'ils t'ont permis d'en prendre moins ?"

Avant même que Sakura-Abigail n'ait eu le temps de répondre, Gwendoline interpella l'une des élèves qui passait dans le couloir. Kathleen ne s'était même pas rendu compte que la fin des cours avait sonné. Ne montrant rien de ce qu'elle ressentait en voyant la fameuse Alice les rejoindre, la rousse détourna le regard après avoir dévisagé la nouvelle venue. Elle ressemblait comme deux gouttes d'eau à Lyra, une serpentard qui partageait son dortoir. Comme aux autres filles avec qui elle dormait, elle n'avait pas adressé la moindre parole à la blonde qu'elle soupçonnait d'être en tous points identique à sa soeur jumelle. Ce n'est que lorsque la Gryffondor questionna Kathleen et la Poufsouffle, les accusant par ses mots d'être les responsables du malheur de son amie, que la rousse plongea son regard transperçant et tout sauf rassurant dans celui d'Alice.

"Mais oui, bien sûr ! On lui a dit qu'on allait s'en prendre à tous les métamorphomages de l'école, donc elle a flippé pour ton cul et sans aucun doute pour celui de ta soeur."

La bombe était lâchée. Kathleen n'avait partagé à personne ce qu'elle avait aperçu à Pré-au-Lard lors des premiers jours qu'elle avait passé à Poudlard depuis son retour. Premièrement parce qu'elle n'avait eu personne à qui le partager, et deuxièmement parce qu'elle avait attendu le bon moment pour balancer cette information qui devait sans doute être connue par très peu de monde. Kathleen fixait toujours Alice de son regard d'une neutralité glaciale. Tout en parlant, elle avait croisé ses bras sur sa poitrine et s'était un peu redressée tout en penchant légèrement sa tête sur le côté. Aussi immobile qu'une statue, elle attendit de voir l'impact de l'annonce qu'elle venait de faire au beau milieu de ce couloir où bien des élèves passaient à cet instant.

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Princesse en détresse

Kathleen fit rouler ses yeux vers le haut lorsqu'elle entendit la réponse de Sakura-Abigail. Elle ne releva pas le surnom qui lui avait été donné, se contentant d'afficher une indifférence des plus profondes. Elle, elle attendait de voir la réaction de sa proie. Lorsqu'Alice demanda à la rousse si elle avait peur, cette dernière fit apparaître un charmant sourire sur ses lèvres rosées et elle leva approximativement à la hauteur de son menton une main qu'elle faisait trembler de manière totalement volontaire.

"Ah ouais, clairement. Regarde : j'en tremble."

Le regard de Kathleen suffisait à lui seul pour faire comprendre qu'elle se foutait ouvertement de la gueule de la blonde. Un certain amusement mêlé à du mépris était visible au fond de ses yeux clairs et perçants. C'est alors qu'une voix grave retentit derrière elle. Se retournant, la rousse vit qu'il s'agissait d'un sorcier trop âgé pour être encore élève, mais qui semblait être bien jeune pour un professeur. Le détaillant d'un simple regard qu'elle fit glisser de ses pieds à sa tête, la Serpentard se contenta de lâcher dans un murmure assassin :

"C'est vrai que je suis morte de rire, là..."

En parlant, elle avait très légèrement penché sa tête sur le côté. En effet, elle n'avait à aucun moment ri de la particularité d'Alice. Se taisant afin d'écouter ce qui se disait, Kathleen resta immobile tandis que Gwendoline expliquait la raison de son absence en cours. Le professeur devait donc être le fameux monsieur Thomas dont Gwendoline et Sakura-Abigail avaient parlé quelques instants auparavant. Prenant à nouveau la parole, le professeur retira des points à la maison de Gryffondor et s'adressa ensuite tour à tour aux élèves avant de tourner les talons.

"Attends belle gueule..." l'interpella Kathleen tout en attrapant l'avant-bras du jeune homme afin de le stopper dans son départ. "Faut juste qu'on s'mette d'accord sur un truc... A quel moment le fait de répondre à une question complètement idiote par une réponse tout aussi conne c'est chercher les problèmes ? Sérieux ? Genre dans l'règlement de Poudlard c'est marqué qu'on a pas l'droit de remettre à leur place les gens qui font des conclusions hâtives et injustifiées ? On a plus l'droit d'se défendre, c'est ça ? Non parce que ta... Princesse, là..." fit-elle tout en lançant un bref signe de tête en direction de la Gryffondor blonde "Elle a beau avoir une gueule d'ange, elle est pas une sainte non plus. Alors avant de croire qu'une version des faits, la tienne, qui est incomplète, faudrait p'têtre que tu t'remettes en question deux secondes, tu penses pas ?"

Pendant tout sa prise de parole, elle n'avait pas relâché son emprise du bras de Finn. Elle avait parlé avec une voix calme et désagréablement douce. Kathleen savait qu'elle devait vraiment faire attention à ne jamais aller à l'encontre du règlement, car elle savait que le directeur sauterait sur la première occasion pour la renvoyer : elle ne serait ainsi plus pour lui un problème de plus à gérer. Elle avait su respecter les nombreuses règles jusque là, et elle était bien décidée à continuer ainsi...

HRP:

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Princesse en détresse

Kathleen, en entendant Finn lui répondre, se mit à sourire. Tranquillement, elle récupéra sa main qu'elle posa sur l'unique lanière de son sac à bandoulière. Aux yeux de la Serpentard, le professeur n'avait pas grand chose à dire pour ce qui était de la manière de s'adresser aux autres. En effet, il lui parlait comme s'il était un simple élève, ce qui le faisait passer selon elle pour un pauvre adolescent qui cherchait encore à savoir qui il était. Une lueur amusée au fond de son regard clair, Kathleen répliqua simplement :

"Princesse... Pétasse... T'aimes bien les surnoms qui commencent par P toi..." Après un court instant de silence, elle poursuivit : "Plus sérieusement, j'crois que t'as pas compris où j'voulais en venir. Tu vois, à mes yeux du moins, un prof' digne de ce nom devrait toujours chercher à avoir toutes les versions des faits avant de réagir. Et tu l'as pas fait. Mais bref, c'est un détail." Se retournant vers Alice qui venait de lui parler, elle lui répondit : "La manière dont t'as posé ta question laissait clairement penser que tu nous accusais. Quoiqu'il en soit... J'espère que tu sais que ma réplique n'était pas sérieuse. Et si vraiment tu tiens à garder ta condition secrète, faudrait p'têtre que t'évites de jouer les arcs-en-ciel en pleine rue, tu crois pas ? Surtout avec l'ambiance politique qui règne..."

Le visage de Kathleen était d'une telle neutralité qu'il était impossible de savoir si elle pensait réellement ce qu'elle disait ou non. La réplique qu'elle avait lancée, était-elle réellement aussi peu sérieuse qu'elle le prétendait ? Son attitude laissait penser qu'elle croyait en son affirmation. Sa douce voix et son calme apparent pouvaient sans aucun doute être très déstabilisants pour certains. Réajustant la lanière de son sac sur son épaule, elle déclara tout en affichant un sourire serein et d'une politesse étonnante :

"Bien. Sur ce... Princesse." commença-t-elle par dire en plongeant son regard dans celui de Gwendoline avant de le faire dévier jusqu'à celui d'Alice. "Blondie." la salua-t-elle avant de glisser ses yeux pour les fixer dans ceux de Sakura-Abigail. "Blairelle." Gardant le meilleur pour la fin, elle termina ses salutations en s'adressant au professeur, non sans lui lancer un très bref clin d'oeil : "Belle gueule. J'vous souhaite à tous une bonne fin de journée et..." Elle lança un bref regard à Alice avant de lâcher : "Et une longue vie."

Une lueur indescriptible avait traversé son regard lorsqu'elle avait prononcé ses derniers mots. Tout son visage, à l'exception de ses yeux perçants, était rassurant, ce qui faisait que personne, en dehors d'Alice, n'avait pu apercevoir cette étrange lueur. Son regard redevenant neutre, elle adressa un dernier sourire à Finn avant de se remettre en route. Si quelqu'un l'interpellait, elle s'arrêterait sans aucun doute, mais si personne ne s'adressait à elle, elle était bien décidée à s'en aller.

HRP:

Codage par Libella sur Graphiorum